Qu’est-ce qui vous a décidé à prendre la plume ?

Jermaine Jackson – Je voulais dire la vérité. Pourquoi Michael portait un masque, la couleur de sa peau... Je voulais tout clarifier. Et rappeler qu’il était comme nous : il aimait les gens, les enfants, les animaux... Quand nous étions petits, il avait des rats, moi des serpents, et il nourrissait mes serpents avec ses rats.

L’acharnement des médias a beaucoup fait souffrir Michael et vous insistez sur ce point dans votre livre : sa fragilité, ses moments de faiblesse...

C’était un être humain avant d’être un entertainer donc, oui, ça le blessait ! Ces horribles accusations ne l’ont jamais empêché de continuer à aimer les enfants. Ses motivations étaient vraies et pures.

Vous évoquez aussi les débuts des Jackson 5, puis les dissensions qui sont apparues dans le groupe quand les frères aînés ont commencé à tomber amoureux...

Michael ne comprenait pas pourquoi il fallait qu’on grandisse et qu’on s’en aille de la maison. Enfants, on dormait tous dans la même chambre, dans une promiscuité constante, donc quand nos femmes sont devenues plus importantes pour nous que le groupe, que nous avons déménagé alors que lui est resté vivre avec notre mère, il a eu le sentiment que notre lien fraternel était mort. C’est à ce moment qu’il a commencé à travailler de son côté.

Vous croyez que ce traumatisme intime l’a poussé à faire une croix sur sa vie sentimentale ?

Il était marié à son art. Il savait comment Sam Cooke avait été assassiné et comment plein de problèmes étaient arrivés dans le monde du spectacle à cause des femmes. Il ne voulait pas reproduire ça.

Qu’avait-il de plus, à part ce dévouement extraordinaire, que vous autres n’aviez pas ?

On a tous été bénis par un talent. Marlon était un danseur fantastique et j’étais le lead singer au début des Jackson 5, mais lui pouvait danser et chanter. Michael voulait y arriver tellement fort que rien d’autre ne comptait pour lui. Et contrairement à moi, qui a toujours été plutôt un homme de l’ombre, il a très vite voulu vendre le plus de disques, exploser tous les records... Malheureusement, quand on est tout seul dans la lumière, les vautours accourent.

Quel conseil donneriez-vous à Lady Gaga, qui semble rêver d’un succès planétaire à la Michael Jackson ?

Gaga est très bonne dans ce qu’elle fait, elle a le sens de l’air du temps, mais elle manque de racines. Les albums de Michael étaient numéro 1 depuis qu’il était enfant. Elle, de qui a-t-elle appris, avec qui a-t-elle étudié ? En grandissant, on a eu la chance de voir James Brown, Sammy Davis Jr., Elvis, Jackie Wilson, tous ces chanteurs fantastiques, on les a rencontrés... C’était un moment unique, et c’est pour ça qu’il n’y aura jamais un second Michael Jackson.

Quel est votre plus grand regret concernant Michael ?

Probablement de n’avoir pas pu briser les barrières qui l’entouraient. Quand je pense que son entourage a eu le culot de nous accuser de vénalité, alors que nous avions créé cette fortune avec Michael...

Quel trait de caractère ont en commun tous les Jackson ?

On aime sourire, on est discrets, un peu timides, mais on se lâche sur scène. Et on aime les bébés. Même ceux qu’on ne connaît pas, on joue avec eux, on leur fait des bisous à leur faire rougir les joues ! C’est ce qu’ils ont vu en Michael : il aimait les enfants plus que tout et ils ont visé ce point faible, ce qu’il aimait le plus au monde.

livre You Are Not Alone – Le Vrai Michael dans les yeux de son frère (Michel Lafon)

Source : MJBackstage